Hervé Le Corre et le roman noir

Hervé Le Corre s’est imposé comme une figure du roman noir français. Ses récits historique évoque le Paris ouvrier et l’écrasement de la Commune. Un autre roman se penche sur la collaboration et la guerre d’Algérie. Le romancier explore la face sombre de l’histoire, de la société et de l’âme humaine. 

La littérature d’Hervé Le Corre convoque le réel. Elle propose une vision critique de la société, avec ses injustices et ses drames. Hervé Le Corre est né en 1955 dans une famille ouvrière de Bordeaux. Il découvre l’anarchisme à l’adolescence puis milite à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de 1973 à 1977. Il admire le modèle social de la Commune de Paris qui repose sur l’émancipation par les travailleurs eux-mêmes. Ce socialisme concret, bénéfique au plus grand nombre, devient vecteur d’espérance. Hervé Le Corre devient professeur de Lettres. Durant ses études, il découvre Jean-Patrick Manchette puis Raymond Chandler et Dashiell Hammett.

En 1990, Hervé Le Corre publie son premier roman. En 1993, Du sable dans la bouche évoque les attentats indépendantistes basques et la cause ouvrière. Les caprices du climat illustrent les sentiments des personnages et rythment l’action. Dès 1994, l’écrivain participe au Passant ordinaire, une revue de création et de pensée critique. La lecture de la biographie de Lautréamont lui inspire l’intrigue de L’Homme aux lèvres de saphir. Hervé Le Corre se documente pour transcrire l’époque. Il raconte la traque d’un tueur en série dans les bas-fonds de Paris à la fin du Second Empire. Il restitue les bruits et les odeurs des ruelles obscures, la crasse, la sueur, la violence et le sexe dans les maisons closes. Cette réussite lui permet d’intégrer l’écurie Rivage/Noir sous la houlette de François Guérif.

Après la guerre obtient un succès critique et commercial majeur. Cette histoire de vengeance dans le Bordeaux des années 1950 évoque la Seconde Guerre mondiale et les débuts de la guerre d’Algérie. En 2019, il publie Dans l’ombre du brasier, un grand roman sur la Commune. Le romancier invente son propre genre. Il utilise les ressorts du thriller avec des tueurs en série, des scènes d’action et la représentation réaliste de la violence. Il reprend également les codes du roman policier traditionnel avec ses enquêtes, ses flics et ses truands. Ses récits portent une critique sociale et une vision pessimiste du monde. Il écrit à hauteur de personnage sans céder au manichéisme. Il n’y a pas de héros flamboyant, mais des gens tristes ou en colère, maltraités ou révoltés. Yvan Robin propose un livre d’entretien avec le romancier dans le livre Hervé Le Corre, mélancolie révolutionnaire.

Hervé Le Corre découvre la politique au moment de la révolte de Mai 1968. Il a 12 ans mais son père est en grève et occupe son usine. Son oncle anarchiste vit à Paris. Il suit les nuits d’émeutes et les barricades. L’adolescent fréquente la Fédération anarchiste. Il découvre les débats qui agitent la Première Internationale mais aussi la révolution espagnole. Il se passionne également pour l’histoire. Hervé Le Corre reste enseignant durant toute sa vie professionnelle et son existence reste peu aventureuse. Il voyage à travers la lecture, la réflexion sur le monde, les actualités et le cinéma.