de ce 5 mars 2022 fut d’autant plus décapante qu’elle visait juste. Et d’enchaîner tout aussi savoureusement : «
Le quinquennat écoulé d’Emmanuel Macron est un désastre, tout comme celui qui s’annonce.
Cependant, si on inverse la perspective, c’est une véritable réussite pour les ultra-riches
. À peine Macron avait-il terminé son interminable marche au Louvre, sous les projecteurs, qu’il dézinguait l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et baissait l’impôt sur les bénéfices des entreprises. Le ton était donné.
Afin que d’autres propos que ceux des médias mainstream puissent se faire entendre, nous mettons cet article en accès libre.
Cependant, les temps sont (vraiment !) rudes pour les médias libres tels que le nôtre.
Mais nous faisons le pari que la gratuité peut payer.
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On le voyait pourtant venir de loin, le Macron. Banquier d’affaire chez Rothschild, il frayait depuis longtemps avec les grandes fortunes et les évadés fiscaux. Fallait-il que les médias soient faisandés pour ne pas braquer sur ce passé un dixième des projecteurs que Macron a fait installer pour sa Joyeuse Entrée. Ni ces derniers, ni Macron lui-même ne pourraient aujourd’hui nous resservir, sans se ridiculiser, ce fameux « Ni de droite, ni de gauche » tant il s’articulerait difficilement avec les visages éborgnés, les milliers de lits d’hôpitaux fermés ou ses promesses – s’il était réélu – d’augmenter l’âge de la pension et de faire travailler les chômeurs.
Comment comprendre alors ces 26% de sondés favorables à sa réélection sans considérer qu’ils ont, soit perdu toute capacité de réflexion, soit les poings fermement agrippés à leurs privilèges. Les premiers seront victimes malgré eux de l’adage bien connu:« Si tu ne t’occupes pas de politique, la politique s’occupera de toi. »
Macron aura les coudées franches pour s’autoriser quelques largesses quant à ses promesses nauséabondes.
Reste que ne pouvant plus se représenter pour un troisième mandat, Macron aura les coudées franches pour s’autoriser quelques largesses quant à ses promesses nauséabondes. Il en sortira plus haï encore qu’il ne l’est aujourd’hui, mais il sait qu’il pourra compter sur ses amis nantis pour lui offrir un poste bien rémunéré au sortir de son second quinquennat.
Consultant chez McKinsey, peut-être…
L’extrême-droite au pouvoir
C’est avoir bien peu d’emprise sur son sort que de voter une fois tous les cinq ans et l’on comprendra aisément le désarroi de celles et ceux qui ne savent plus comment, en un coup de dés, améliorer le leur. Les discours antisystème de l’extrême-droite doivent paraître bien alléchants pour qui n’a subi du système que violence et mépris.
Les beaux discours de l’extrême-droite ne résistent pas longtemps à l’analyse des faits et plus particulièrement de leurs votes
Mais les beaux discours de l’extrême-droite ne résistent pas longtemps à l’analyse des faits et plus particulièrement de leurs votes, notamment au Parlement européen
[2]. Rarement un parti aura été aussi absent (quand il n’est pas opposé) sur les questions sociales que celui de RN (Rassemblement national). Abstention sur l’amélioration des conditions des travailleurs ubérisés, contre la responsabilité des multinationales face aux violations de droits humains ou environnementaux, contre la levée des brevets sur les vaccins… Qu’il s’agisse de libre-échange, de droits des femmes, d’égalité professionnelle, l’extrême-droite manque rarement une occasion de dédaigner les causes sociales et environnementales.
Le capital, lui, s’accommode extrêmement bien de l’extrême-droite
Le capital, lui, s’accommode extrêmement bien de l’extrême-droite. Alliée récurrente des causes néolibérales, l’extrême-droite appliquera plus que probablement une politique similaire à celle de Macron. Mais ne négligeons pas leur infinie capacité de division et de promotion de la haine de l’autre qui a mené aux épisodes les plus sombres de l’histoire, épisodes qui s’accompagnaient de mesures liberticides, de pauvreté extrême, de violence et, bien sûr, de plantureux bénéfices pour les riches et industriels…
Ni Macron, ni Le Pen
Les humiliés, les éborgnés n’auront pas oublié ce que Macron leur a fait subir.
Si nous devions nous retrouver encore avec Macron et Le Pen au second tour, il y a des chances, cette fois-ci, pour que Le Pen l’emporte. Les humiliés, les éborgnés, les rabaissés n’auront pas oublié ce que Macron leur a fait subir. Ceux qui auront traversé mille rues, foulé mille pavés, pour n’avoir, comme seul travail que celui de chercher encore un emploi, n’auront pas oublié ce Macron en costard, leur faisant la leçon. Il est fort à parier qu’ils lui préfèrent une Marine Le Pen, quitte à aller à l’encontre de leurs convictions.
Mais dans un cas comme dans l’autre, si quiconque espère en tirer une quelconque révolution, un début de soulèvement, qu’il garde bien en tête qu’il faudra en passer par une casse sociale plus dure encore que ce qu’on a connu ces dernières années, que les dégâts, parce qu’humains d’abord, seront irréversibles. Quant aux matières environnementales, il n’y aura – comme c’est le cas aujourd’hui – qu’accélération de la destruction de la biodiversité et dégradation du climat.
Rien, absolument rien de bon ne pourrait sortir d’une telle situation.
L’immense responsabilité de « la gauche »
Ils seront – tous ! – coupables
Tout comme cette « gauche » apathique, voire complice, qui s’abrite derrière des discours aussi mous que ses actes, la gauche plus radicale reste, elle, bien planquée derrière son poing levé, drapée dans ses belles et pures idées. Il n’y en aura donc pas un pour admettre sa propre défaite, pas un pour penser à celles et ceux qui n’ont rien en début de mois ?
Si Mélenchon ne passe pas le premier tour, ils porteront tous cette responsabilité immense d’avoir soit remis un Roi Soleil sur son trône, soit amené l’extrême-droite au pouvoir. En tous les cas, ils seront – tous ! – coupables de n’avoir laissé comme seul choix que celui d’appauvrir plus encore les déjà sans-rien. Faut-il n’avoir soi-même aucun souci de fin de mois pour ne pas s’en préoccuper. Ou si peu d’empathie.
Avec cette « gauche » planquée derrière ses idées (molles ou radicales), on risque bien de l’avoir à nouveau dans notre cul…
Valérie Janssen
[1] Quand bien même vous posséderiez trois maisons, vous êtes loin d’appartenir à cette catégorie ! Vous faites toujours partie de celles et ceux que Macron considère comme du menu fretin. De la même manière, ce n’est pas vous que J-L Mélenchon cherche à déposséder.
[2] https://basta.media/Parlement-europeen-presidentielle2022-extreme-droite-votes-politique-sociale-multinationales-levee-des-brevets