10 raisons pour ne pas privatiser Belfius

Un petit tour et ça revient. En mars 2017, le ministre Van Overtveldt (N-VA) avait tenté une mise en bourse partielle de Belfius. Échec. Huit ans plus tard, c’est au tour du ministre Jan Jambon (N-VA) de demander à Belfius de préparer une cession de 20 % de son capital à des investisseurs privés. Est-ce que cela va se concrétiser cette fois-ci ? Ce n’est pas sûr. Mais cette opération est loin d’être un simple geste comptable : c’est un choix politique majeur qui touche à la souveraineté économique, à la protection des services publics et à l’orientation sociale du pays. Voici dix raisons de s’opposer à la privatisation – même partielle – de Belfius et de proposer, au contraire, son renforcement démocratique et public.

 

  1. Un processus non démocratique

Belfius est une des quatre plus grandes banques de Belgique. Elle est entièrement détenue par l’État. Belfius a en effet été acquise par l’État belge en 2011 suite à la deuxième faillite de Dexia, pour 4 milliards d’euros. Cette acquisition s’est faite via de l’argent public, c’est-à-dire celui des contribuables. Belfius doit donc être considérée comme la banque de tous les Belges. C’est d’ailleurs inscrit dans son nom : pour rappel, Belfius signifie : « Bel » pour Belgique, « Fi » pour finance, « us » pour « nous » en anglais.

La décision du gouvernement de vendre une partie du capital de Belfius a été prise sans véritable débat public ni consultation citoyenne. Une privatisation d’une telle importance devrait au minimum faire l’objet d’un large débat parlementaire. Les citoyennes et citoyens, qui ont sauvé Dexia de la faillite, à hauteur de plusieurs milliards d’euros, méritent d’avoir leur mot à dire.

 

  1. Une vision budgétaire de très court-terme

 Cette décision se fait au nom de l’urgence budgétaire : l’État cherche des leviers pour réduire la dette et financer l’explosion des dépenses militaires. L’objectif est de dégager 2 à 2,5 milliards d’euros de recettes publiques. Mais c’est une opération « one-shot », limitée à l’année 2026. Or, Belfius affiche une santé financière robuste. En 2024, la banque publique a dégagé un bénéfice net record de 1,1 milliard d’euros, tout en gérant quelque 200 milliards d’euros d’épargne et de placements, et en distribuant chaque année environ 400 millions de dividendes à son unique actionnaire : l’État belge.


By Olivier Bonfond

Olivier Bonfond est économiste,  membre du CEPAG et du CADTM. Il collabore à MaTribune et édite une lettre mensuelle, la Lettre des Bonnes Nouvelles.