Nouvelles capitales, déforestation et apartheid social : parallèles entre le Brésil et l’Indonésie

Le Brésil et l’Indonésie partagent une similitude particulière : à un moment donné, leurs dirigeants ont décidé de construire une nouvelle capitale. Alors que les dirigeants brésiliens ont construit Brasilia il y a environ 60 ans, la construction de la nouvelle capitale indonésienne est en cours. Les deux projets renforcent un État colonial, même si leurs promoteurs prétendent le contraire. Cependant, les deux histoires montrent également le rôle des luttes sociales comme moyen d’effacer une histoire coloniale. (Disponible en Bahasa Indonésie)

 

Malgré les 17 000 kilomètres qui séparent le Brésil et l’Indonésie, les deux pays ont beaucoup en commun, comme le fait de posséder certaines des plus grandes forêts tropicales restantes dans le monde. Ils partagent également une similitude particulière : à un moment donné, pendant l’ère postcoloniale, ses dirigeants ont eu l’idée de construire une nouvelle capitale. Alors que les dirigeants brésiliens ont mis leur idée en pratique il y a environ 60 ans en construisant la capitale actuelle, Brasilia, la construction de la nouvelle capitale indonésienne est en cours. En 2019, le parlement national indonésien a commencé à concrétiser l’idée en approuvant sa construction au Kalimantan. Quels parallèles peut-on établir entre les deux projets et, surtout, quelles leçons peut-on en tirer pour les luttes sociales en Indonésie comme au Brésil ?

 

Une nouvelle capitale : l’argument trompeur de la rupture avec le colonialisme

Au Brésil, l’idée de construire une nouvelle capitale est aussi ancienne que l’indépendance du pays vis-à-vis du Portugal, en 1822. Les élites postcoloniales soutenaient, entre autres, que Rio de Janeiro, qui était la capitale depuis 1763, était un symbole de l’influence des colonisateurs et qu’une nouvelle capitale marquerait une rupture avec le passé colonial. Elles ont également fait valoir que la création de la capitale au centre du pays renforcerait l’unité nationale et apporterait progrès et développement à l’ensemble d’une nation où la majorité de la population vivait le long de la côte. Du fait des différends entre les élites sur le lieu où bâtir la nouvelle capitale, Brasilia n’a été construite que dans les années 1950 sous la présidence de Juscelino Kubitchek. (1)