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Rappel des faits
L’intervention policière tourne au drame: après avoir vidé un chargeur complet de balles en caoutchouc, un policier finit par tirer à balles réelles à deux reprises sur le patient [2]. Touché au bras puis au muscle abdominal, il est emmené à l’hôpital où il succombe rapidement à ses blessures. Une série d’articles publiés le 21 mars rapporte que “le patient était porteur d’une arme blanche” selon les informations du parquet de Bruxelles [1]. Un coupe-ongle correspond-il à ce que
l’article 2 de la Loi du 8 juin 2006 définit comme arme blanche, à savoir : « toute arme munie d’une ou plusieurs lame(s) et comportant un ou plusieurs tranchant(s) » [3] ? Le média Bruxelles Dévie déclarait dans son article que le récit de la police, du parquet et des médias autour de la mort de ce patient s’évertuait à le décrire comme un « fou dangereux » [2]. Un grand classique dans le cadre des violences policières qui, en Belgique, restent impunies.
Racisme et validisme: un funeste exemple d’intersectionnalité
En 1976, cinq femmes noires défendues par Crenshaw portent plainte contre General Motors pour discrimination à l’embauche. Les cinq femmes avaient différents profils: aide-peintre, aide-ouvrière, employée de bureau, opératrice et inspectrice. Ces cinq femmes accusaient General Motors d’avoir une politique discriminatoire à leur encontre, leur refusant l’accès à certaines fonctions qui étaient pourtant occupées par des hommes noirs (ouvriers) ou des femmes blanches (secrétaires).
Dans le cadre de cette plainte, il ne suffisait pas de cocher la case du racisme ou du sexisme pour expliquer la discrimination subie par ces femmes noires. Il fallait cocher les deux cases en même temps pour expliquer la discrimination distincte que ces femmes noires subissaient. C’est sur cet exemple très concret que Crenshaw a formulé l’intersectionnalité; concept qui est actuellement mobilisé à tout va, et souvent à mauvais escient, par les politiques belges.
Selon Estelle Depris, experte en anti-racisme, en intersectionnalité, et créatrice du compte Instagram @SansBlancDeRien suivi par plus de 86000 abonnés: “Quand une personne se retrouve à l’intersectionnalité du validisme et du racisme, elle est d’autant plus vulnérable.” D’une part, les hommes noirs sont perçus comme des dangers à cause des stéréotypes ancrés dans la société belge, notamment à cause de la propagande coloniale. D’autre part, les personnes en souffrance mentale sont également perçues comme des menaces.
Un “fait d’hiver” à propos d’un “aliéné” dans le journal Le Soir
centre de soin psychiatrique, le sujet du racisme y est abordé de manière maladroite. De plus, elle renforce certains stéréotypes qu’il conviendrait plutôt de déconstruire.
“Big Black Man Syndrome” dans la police
Briser la loi du silence autour des homicides négrophobes
Un message de soutien et d’union, et une mobilisation
venir déposer une bougie devant la plaque de la Clinique Fond’Roy (43 Avenue Jacques Pastur, 1180 Uccle, Bruxelles) ce vendredi 21 avril à 20h, un mois après l’homicide du patient.
Écrit par:
Brenda Odimba, militante décoloniale
Cette tribune est signée par:
Binabi, cercle culturel africain de l’Université Libre de Bruxelles
Change asbl, association de jeunesses afropéennes
Racism Search, association de lutte contre le racisme
Mwasi asbl, association pour les droits des femmes
Rokia Bamba, artiviste
Gia Abrassart, journaliste décoloniale
Georgine Dibua, coordinatrice de Bakushinta asbl
Cynthia Bolingo, athlète professionnelle
Anne Zagré, athlète professionnelle
Awa Sene, athlète professionnelle française
Hanne Claes, athlète professionnelle
Maïté Meeûs, militante féministe
Bineta Saware, alias DJ VoodooMama
Jean Illi, doctorant et membre du groupe de recherche HERICOL (Héritages Coloniaux)
Soumaya Phéline Abouda, activiste DJ membre de la Collective #JusticePourSourour
Serge Bagamboula, activiste pour les droits des personnes sans-papiers
Laurie Wattecamps, étudiante en gestion de l’environnement
Serge Okende, secrétaire et co-fondateur du Cercle des Entrepreneurs Congolais
Jade Mai Cock, doctorante en intelligence artificielle pour l’éducation
Océane Toukam, juriste et militante anti-raciste
Dido Lakama, acteur socio-culturel
Priscilla Adade, actrice, productrice
Francisco Luzemo, réalisateur, comédien et activiste
Divine Nganga, membre du collectif Newsisterhood
Kavena Gamos, artiste poète slameur et rappeur
Gloria Soton, militante écologiste décoloniale
Sarah Nganga Mamona , militante panafricaniste
Christian Tshibangu, étudiant en master en droit
Ange Dialot Nawasadio, artiste
Hajar Bichri, étudiante en ergothérapie
Prince Lokonga
Colombe Nicolas, artiste
Mehdi Datoussaid, kinésithérapeute
Joëlle Nganga, étudiante en psychologie
Alpha Diallo, militant décolonial
Maeva Rene, chargée de plaidoyer
Cyril Martin, étudiant en psychologie clinique
Kenny Agboton, étudiant en sciences politique, ucclois
Manar Ben Azoune, étudiante en master psychologie
Iman EH, étudiante et militante décoloniale et féministe
[1]https://www.lalibre.be/regions/bruxelles/2023/03/21/un-policier-tire-sur-un-patient-dans-un-hopital-p
sychiatrique-a-uccle-BGUW6DX6BFG7NLFEMXSPHO445U/
[2]https://bruxellesdevie.com/2023/03/21/la-police-tue-un-patient-dans-un-hopital-psychiatrique-nouv
elles-informations/
[3] http://www.ejustice.just.fgov.be/eli/loi/2006/06/08/2006009449/moniteur
[4]https://www.lesoir.be/504707/article/2023-04-01/fait-dhiver-propos-dun-patient-mort-sous-les-balles
-de-la-police-lhopital