Les armes n’apporteront pas de stabilité, elles ne feront qu’alimenter la destruction et la mort. L’Union européenne doit soutenir la diplomatie, la démilitarisation et la paix.
Quatre jours après que la Russie ait illégalement envahi l’Ukraine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que l’UE allait « pour la toute première fois, financer l’achat et la livraison d’armes […] à un pays victime d’attaques. » Quelques jours plus tôt, elle avait déclaré que l’UE formait « une union, une alliance » avec l’OTAN.
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Les actions de l’Union européenne sont non seulement extrêmement irresponsables, mais elles reflètent également un manque de créativité dans sa méthode de réflexion. Est-ce réellement ce que l’UE peut faire de mieux dans un moment de crise ? Acheminer 500 millions d’euros d’armes mortelles vers un pays qui dispose déjà de 15 réacteurs nucléaires, où les citoyens appelés à se battre doivent utiliser tous les moyens à leur disposition, où les enfants fabriquent des cocktails Molotov et où le camp adverse a mis ses forces dissuasives nucléaires en état d’alerte ? Inciter l’armée ukrainienne à se procurer toutes les armes qu’elle veut ne fera qu’attiser la guerre.
Résistance non violente
L’histoire a maintes et maintes fois montré que mêler des armes à des situations de conflit n’apporte pas de stabilité et que cela ne contribue pas nécessairement à une résistance efficace. En 2017, les États-Unis ont envoyé des armes fabriquées en Europe à l’Irak dans le combat contre l’état islamique et ces mêmes armes ont fini par atterrir chez des combattants de Daech lors de la bataille de Mossoul. Des armes fournies par une entreprise allemande à la police fédérale mexicaine sont tombées entre les mains d’un gang de crime organisé dans l’État de Guerrero et ont été utilisées dans le massacre de 6 personnes ainsi que dans la disparition forcée de 43 étudiants dans une affaire connue sous le nom des disparus d’Ayotzinapa. Après le retrait catastrophique des troupes américaines d’Afghanistan en août 2021, les talibans se sont emparés de quantités importantes de matériel militaire américain dont des hélicoptères, des avions et d’autres équipements provenant du trésor de guerre américain.
L’histoire a maintes et maintes fois montré que mêler des armes à des situations de conflit n’apporte pas de stabilité. D’innombrables exemples similaires montrent que les armes ne sont faites que pour un seul but, mais qu’elles finissent par en servir un autre. L’Ukraine en deviendra probablement le prochain exemple, le tout sous les yeux de l’Europe. Ces armes circuleront probablement beaucoup dans les prochaines années, ce qui alimentera davantage de conflits.
Ce choix d’armer l’Ukraine est encore plus imprudent lorsque l’on prend le timing en considération : pendant que les représentants de l’UE se réunissaient à Bruxelles, des représentants du gouvernement russe et du gouvernement ukrainien se rencontraient pour des pourparlers de paix en Biélorussie. Ensuite, l’UE a annoncé qu’elle allait accélérer le processus d’adhésion de l’Ukraine, une décision qui représente une provocation pour la Russie, mais aussi pour plusieurs États des Balkans qui s’efforcent depuis des années de remplir les critères d’adhésion de l’Union européenne.
S’il existait dimanche matin une perspective de paix, ne serait-ce que tacite, pourquoi l’UE n’a-t-elle pas appelé à un cessez-le-feu immédiat et poussé l’OTAN à réduire sa présence autour de l’Ukraine ? Pourquoi a-t-elle sapé les pourparlers de paix en démontrant sa force militaire et en promulguant un décret militaire ?
Ce « moment charnière » est
La rhétorique des responsables européens montre qu’ils sont captivés par la frénésie de la guerre. Ils ont complètement dissocié le déploiement d’armes mortelles de la mort et de la destruction qu’elles causent.
L’Union européenne doit immédiatement changer de trajectoire. Elle doit sortir du paradigme qui nous a menés ici et lancer un appel à la paix. Les enjeux d’un tel changement sont trop importants.
Niamh Ni Bhriain, coordinatrice de la section Guerre et Pacification du
Transnational Institute
[i] Ce chiffre a été obtenu en additionnant les budgets du Fonds pour la Sécurité intérieure : volet police ; du Fonds de Sécurité intérieure : volet frontières et visas ; du Fonds asile, migration et intégration ; du financement des agences de l’UE pour la justice et les affaires intérieures ; du programme « Citoyens, égalité, droits et valeurs » ; du programme « L’Europe pour les citoyens » ; du programme « Horizon 2020 » ; du programme « Action préparatoire sur la recherche en matière de défense » ; du programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (2018-20) ; du mécanisme Athéna et de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.