En ces moments de pandémie, notre coopérative de presse est plus que jamais sous pression financière.
Et pourtant, jamais il n’aura été si urgent d’informer autrement,
pour mettre un terme aux politiques actuelles et explorer ensemble les possibles.
Jamais votre soutien n’aura été si important.
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4 – Limitation de l’approche répressive : la peur de la contagion et la limitation des libertés suscitent suffisamment d’angoisse et de frustration.
5 – Régularisation des sans-papiers et accès au marché du travail en lien avec la main-d’œuvre urgente, notamment dans l’agriculture locale et durable.
6 – Organisation humaine de la possibilité de rendre hommage à ses défunts pour chaque citoyen, en associant les acteurs de terrain.
7 – Réorganisation des maisons de repos en petites unités de 6 à 15 résidents soignés par une équipe multidisciplinaire de 6 à 8 soignants.
8 – Représentation des femmes et des métiers de première ligne dans les organes de décision (comité d’experts), notamment pour le déconfinement.
9 – Mise sur pied, comme partie intégrante du processus de sortie du confinement, d’un débat public.
10 – Communication sur la sortie du confinement qui ne marquera pas le retour à un état antérieur, mais le début d’un processus complexe d’adaptation à long terme.
Et comment le groupe autour de Dominique Bourg voit « l’après » ?
Mesure 1 – Etablissement d’indicateurs robustes quant aux conséquences écologiques et énergétiques des niveaux de production, et quant à leurs incidences en termes de bien-être humain.
Mesure 2 – Relocalisation maximale de l’activité via un protectionnisme coordonné et coopératif au niveau international… Doivent être relocalisés en premier les secteurs essentiels à la vie de la nation comme l’alimentation, les fournitures relatives au secteur médical et de santé, l’énergie, l’électronique et le web (nécessairement à l’échelle européenne) et évidemment la défense.
Mesure 3 – Modification du droit des sociétés : l’objet social doit préciser la contribution au bien commun, avec adoption d’une comptabilité à trois capitaux : actifs classiques, capital social et capital naturel, les trois n’étant pas fongibles.
Mesure 4 – Comptabilité en matière/énergie et instauration de quotas d’énergie/matière par individu (variable en fonction de la situation géographique et de la part « contrainte » des dépenses). Il s’agirait de plafonner démocratiquement, de façon progressive, les consommations d’énergie/matière (et notamment les consommations d’énergie fossile, émettrices de CO2).
Mesure 5 – Généralisés à toutes les consommations, les quotas énergie/matière reviennent à relativiser le signal prix : la consommation des biens rares n’est plus réglée par leur prix, elle est plafonnée a priori et obéit à un principe d’équité (les quotas sont fixés en tenant compte des « consommations contraintes » de chacun).
Mesure 6 – Arrêt de paiement des intérêts de la dette publique cumulés depuis 1974 (ceci concerne la France, on le rappelle).
Mesure 7 – Restitution à l’État les instruments de pilotage monétaire et financier, indispensables à la réorientation des flux d’investissement et à la relocalisation des consommations et des productions afin de mettre fin à l’indépendance des banques centrales. En cas de blocage, la mesure 8 propose de recouvrer la souveraineté monétaire.
Mesure 9 – Mise en place d’un revenu de transition écologique en contrepartie d’activités orientées vers l’écologie et le lien social.
Mesure 10 – Encadrement des écarts de revenus (salaires, revenus du capital) à l’intérieur d’une fourchette dont l’amplitude est à définir de manière démocratique et par voie de referendum.
Mesure 11 – Fiscalité écologique et sociale, exonération de la TVA et modulation de l’impôt sur le revenu en fonction du bilan énergie/matière des consommations.
Mesure 12 – Agriculture : vers une « agroécologie décarbonée » (sans énergies fossiles). Il est urgent de mettre en place un modèle agricole à très haute productivité par unité de surface et à faible productivité par unité de travail.
Mesure 13 – Agriculture : libération des semences et diversification génétique.
Mesure 14 – Agriculture : « réempaysannement des Terres » : maintien et développement des agricultures familiales (pratiquant la polyculture vivrière agroécologique), accompagnement des nouveaux paysans désirant participer à un programme de « reconquête paysanne », pouvoirs d’investigation pour mettre en échec les opérations de contournement de la loi foncière.
Mesure 15 – Fin à terme de la métropolisation : rapprocher le lieu de résidence des espaces agricoles afin de réduire la dépense énergétique liée au transport des personnes et des productions (circuits courts). Les politiques de réaménagement du territoire viseraient des agglomérations de 300.000 habitants en moyenne.
Mesure 16 – A terme, politique de transport public intégrale ou mutualisée à l’échelle de petits collectifs.
Mesure 17 – Arrêt immédiat des subventions aux énergies fossiles.
Mesure 18 – Fin des paradis fiscaux.
Plus un extrait choisi du Manifeste « radical » de la revue Socialter… : « Pourquoi ne pas commencer par établir, comme nous le suggère à nouveau le philosophe [on parle ici de Bruno Latour que nous avons déjà croisé dans ces carnets…], l’inventaire des activités suspendues et maintenues : sont-elles néfastes, pourquoi, quelle alternative proposer, comment requalifier la main d’œuvre ? Et a contrario quelles activités méritent d’être favorisées, et comment le faire ? Il n’est pas trop tôt pour penser et affiner des mesures macro-économiques et macro-politiques dans les nombreux chantiers indispensables à l’édification d’une société plus juste socialement, plus démocratique, plus écologique : amorcer la démondialisation, refaire droit à la souveraineté (c’est-à-dire à la démocratie), relocaliser des secteurs entiers, discriminer ceux-ci dans les politiques de relance, remettre sur la table le renforcement des services publics et assurer l’égalité d’accès à ceux-ci notamment par la gratuité, dessiner une politique industrielle, scientifique et éducative au service d’une transition rapide vers une décroissance de la consommation énergétique et de la production matérielle, évaluer l’utilité des services et des biens que nous produisons, soutenir les circuits courts, la récup, la réparation, et tous les modèles et entreprises qui concourent à ces objectifs… »
Et enfin, l’issue désirable dessinée par Edgar Morin… Elle associerait (comme je l’ai indiqué dans La Voie) les termes contradictoires : « mondialisation » (pour tout ce qui est coopération) et « démondialisation » (pour établir une autonomie vivrière sanitaire et sauver les territoires de la désertification) ; « croissance » (de l’économie des besoins essentiels, du durable, de l’agriculture fermière ou bio) et « décroissance » (de l’économie du frivole, de l’illusoire, du jetable) ; « développement » (de tout ce qui produit bien-être, santé, liberté) et « enveloppement » (dans les solidarités communautaires).
Voilà, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas mâché le travail.
Paul Hermant – 21 avril 2020