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La croisade dite anti-esclavagiste de Léopold II

Je me souviens avoir entendu à l’école raconter la mort « héroïque » au Congo des militaires belges Lippens et De BruyneVolontaires pour rejoindre l’État indépendant du Congo (EIC), le sous-lieutenant Henri-Auguste De Bruyne (1868-1892) et le lieutenant Joseph Lippens se rencontrèrent fin 1891 à Kasongo (Maniema) où ils seront capturés par les Arabo-Swahilis. Tous deux furent tués le 1er décembre suivant, De Bruyne ayant refusé d’abandonner Lippens, épuisé. . Histoire « édifiante », ressassée, censée inculquer à nos chères « têtes blondes », un exemple d’amitié indéfectible au service du patriotisme. Et surtout, dirais-je, au bénéfice de la « campagne anti-esclavagiste » menée au Congo par le roi Léopold II. A y regarder de près, cependant, l’objectif « anti-esclavagiste » de cette campagne apparaît beaucoup moins clairement.

 

C’est dès 1840, que des marchands – Arabes, métis ou Africains arabisés − venus de ZanzibarOù les Omanais ont construit un port et installé une garnison dès 1710. et de la côte swahilieLe terme swahili ou arabo-swahili désignait les Africains bantous ou les métis arabo-africains, islamisés et arabophones de Zanzibar. Au centre d’un commerce « triangulaire » reliant l’Afrique au Monde arabe et à l’Extrême-Orient (l’Inde et même la Chine), la côte est de l’Afrique fut une zone d’intenses contacts commerciaux et culturels et de brassages humains dont les ports et cités-États (Mogadiscio, Lamu, Mombasa, Dar es-Salaam…) furent florissants du XIIe au XVIIIe siècles et qui donnèrent naissance à une culture et à une langue syncrétiques, formées d’éléments africains et arabes: le swahili vient du mot arabe sawahil (= côte)., s’installèrent dans les régions situées entre le lac Tanganyika et le fleuve LualabaLualaba est le nom donné au cours supérieur du fleuve Congo, jusqu’aux chutes appelées Victoria Falls., les actuelles provinces des Kivu et du Maniema, en quête d’esclaves et d’ivoire. À partir de 1833, se développa, suite à un accord entre les États-Unis et Zanzibar, un autre commerce, celui de l’ivoireUtilisé e. a. pour la fabrication des boules de billard et des touches de piano. qui stimula les raids à l’intérieur des terres, vers l’Ouest.

Oman et son empire africain

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