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En faisant de l’eau une source de profits, on vole la vie

Riccardo Petrella est un militant infatigable de la lutte pour que l’eau soit accessible à tous, dans de bonnes conditions physiques et financières. En 1997, il a fondé le Comité international pour un contrat mondial de l’eau, dont il est le secrétaire général et il a publié l’année suivante, Le Manifeste de l’eau, dans lequel il pose comme principe que l’eau est un bien commun, qu’elle relève de la citoyenneté, de l’écocitoyenneté, que « toute politique de l’eau implique un haut degré de démocratie au niveau local, national, continental, mondial » et que le « droit à l’eau » est un droit inaliénable individuel et collectif.[1] Poursuivant son combat avec d’autres[2], il s’oppose aux lobbies des grandes multinationales (surtout françaises : Suez, Veolia) qui veulent faire de l’eau une marchandise gérée par le privé. Il a organisé dans les années 2000 plusieurs  rencontres internationales de grande ampleur qui ont contribué à la prise de conscience de la nécessité de reconnaître le droit à l’eau comme un droit inaliénable. Le 28 juillet 2010, l’assemblée générale des Nation Unies proclamait « la reconnaissance formelle du droit universel à l’eau potable et à l’assainissement ». Hélas, ce 19 mars 2019, le Département des affaires sociales et économique de l’ONU reconnaissait : « L’accès à l’eau potable : plus de 2 milliards de personnes toujours privées de ce droit fondamental ».

Riccardo Petrella ne peut rester de marbre face à ce déni de justice alors que les moyens nécessaires pour réaliser ce qui est un objectif international depuis l’an 2000 sont ridiculement faibles par rapport aux sommes folles dépensées pour préparer et mener des guerres, souvent dans les pays où l’eau manque cruellement. Riccardo espère avec d’autres profiter du 10ème anniversaire de la reconnaissance formelle de la part de l’ONU du droit universel à l’eau potable et à l’assainissement pour faire approuver la création d’un Conseil de Sécurité de l’Eau dans le cadre d’une proposition d’un Conseil de Sécurité des Biens Communs Publics Mondiaux (à partir de l’eau, des semences et de la connaissance). Lien vers la vidéo qui aborde cela.

Riccardo Petrella nous a transmis une courte « fiche » qui fait le point sur l’inacceptable situation actuelle. Elle sert de point de départ d’une mobilisation à laquelle POUR collaborera avec force.

Alain Adriaens

En faisant de l’eau une source de profits, on vole la vie

L’eau est vie, source de vie. Aucune espèce vivante de la Terre (microbe, plante, animal, être humain) ne peut vivre sans eau. De tous temps, l’eau a posé, et continue de poser, deux problèmes majeurs :

On a toujours pensé que personne ne pouvait être exclu de l’accès l’eau et qu’on ne pouvait pas refuser de l’eau même à l’ennemi

Une tâche, obligation, revenant à la responsabilité de qui ? A la collectivité et aux pouvoirs publics ? Aux privés eux-mêmes, à un mélange de se sujets publics et privés ? En règle générale, depuis l’ère des Pharaons et des Romains, l’eau a été considérée comme un « bien commun »

La situation aujourd’hui est profondément marquée par deux faits :

L’eau est devenue surtout source de profit. C’est pour cela qu’on l’appelle désormais « l’or bleu ». De bien commun l’eau a été transformée en ressource pour faire de l’argent. On a volé la vie.

Riccardo Petrella


[1] Riccardo Petrella, Le Manifeste de l’eau. Pour un contrat mondial, Labor, 1998.
[2] Collectif, sous la direction de Riccardo Petrella, L’Eau, res publica ou marchandise ?, La Dispute, 2003.

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