Une chose est sûre: depuis qu’elle a fait entendre sa voix discordante sur le CETA, la Wallonie a gagné en notoriété de façon spectaculaire. Il y a aujourd’hui nettement plus de gens connaissant l’existence de cette région et sachant la situer sur une carte d’Europe. Victoire à la Pyrrhus, clamèrent des contempteurs qu’on nous dit innombrables.
De fait, on a pu croire à l’entame des “hostilités” que s’était ouvert un festival de la caricature voire de l’injure. Sans doute parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même — ou peut-être, pure hypothèse, pour des raisons de basse politique — le bashing à l’encontre de la Wallonie est d’abord venu des rangs belges. Pas vraiment suivi par la population. Un sondage reste seulement un sondage, celui commandé par RTL-TVI fait état d’un soutien au gouvernement wallon non négligeable (francophones: 72,6% oui, 11,7% non, 15,6% sans avis / néerlandophones: 29,6% oui, 46% non, 24,2% sans avis).
La crise perdurant, un peu de recul a pu s’installer et des analyses dignes de ce nom sont apparues. Nous ne résistons pas — cette fois-ci — à la tentation d’en partager quelques-unes. Venues de l’étranger et d’un Belgo-français, elles replacent le débat à une autre altitude que le ras des pâquerettes.
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La Wallonie contre le mépris
Gérald Fillion, Radio Canada, 24 octobre
(…) Il faut d’abord aller au-delà du mépris affiché par certains décideurs de plusieurs régions et pays, y compris du Québec, qui dénigrent la démocratie belge et le choix des Wallons parce qu’ils sont peu nombreux.
Vu du Québec d’ailleurs, reprocher aux Wallons d’abuser de leur pouvoir, compte tenu de leur petite taille démographique, comme l’ont fait les anciens premiers ministres Jean Charest et Pierre-Marc Johnson, a de quoi étonner.
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Un échec du CETA ne marginalise pas l’Union européenne
Jean Quatremer, Libération, 24 octobre
(…) On peut regretter que l’Union ne soit pas un Etat unitaire à la française où l’ensemble des compétences serait exercé par les institutions communautaires, ce que personne n’a jamais demandé au passage, mais on peut difficilement faire grief à la Wallonie d’exercer un contrôle parlementaire qui est constitutionnellement légal, sauf à considérer que l’Etat de droit est une gêne pour le bon ordre du commerce international. En réalité, ceux qui contestent le droit de la Wallonie de se prononcer contre le Ceta ouvrent un boulevard aux europhobes en les confortant dans leurs critiques du caractère a-démocratique de l’Union.
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Ceta: l’honneur de l’Europe défendu par les Wallons
Périco Lagasse, Marianne, 24 octobre
(…) Alors que de Athènes à La Haye et de Lisbonne à Helsinki, en passant par Berlin, Rome et Paris, les dirigeants européens avaient fermé les yeux, au nom d’une omelette que l’on ne fait pas sans casser les œufs, sur des renoncements incompatibles avec l’idée même d’une Europe libre et souveraine (ou alors tout est faux) il est une vieille cité, d’une vieille province, où siège le vrai parlement d’un vrai peuple, qui a dit non à l’une des plus odieuses forfaitures politiques de ce siècle. Frappés de bon sens, de clairvoyance et d’un courage certain, les Wallons, ces « Français d’outre Meuse », ainsi que nombre d’entre eux se revendiquent, ont, à travers leur ministre président, le très européen et socialiste Paul Magnette, refusé d’entériner un traité dont ils considèrent, en toute légitimité, qu’il remet en cause leur sécurité, leur société, leur économie et leur souveraineté nationale.
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Ceta: la Wallonie, mauvaise conscience de l’UE
Romaric Godin, La Tribune, 24 octobre
(…) Les Wallons ont pris leurs responsabilités pour ce qui les concernent. Le gouvernement a pourtant maintes fois alerté les autorités nationales et européennes de leurs réserves. Vainement. Car pour les dirigeants européens, la voix wallonne isolée ne saurait compter.
Peut-on imaginer de telles pressions sur la Cour constitutionnelle de Karlsruhe si cette dernière avait interdit au gouvernement allemand de signer le traité? On aurait immédiatement rouvert les négociations. Or, dans la logique institutionnelle de l’UE, le refus allemand a exactement le même poids que le refus belge ou maltais. Le problème, c’est que l’UE n’accepte pas cette réalité. Elle s’efforce de tendre en fait vers un « Etat fédéral », qui, en réalité, serait un Etat centralisé qui dissoudrait les volontés nationales dans une vaste volonté générale européenne.
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Vandana Shiva sur le Ceta: «Je suis très fière de la Wallonie!»
Vandana Shiva, Le Soir, 25 octobre
Je suis très fière de la petite Wallonie! Oui, vous êtes héroïques. C’était nécessaire. Je viens d’Inde, et les traités commerciaux, nous connaissons. La Compagnie des Indes orientales les a utilisés pour nous coloniser. Car les accords de libre-commerce permettent aux voleurs de parader comme des marchands et de devenir ensuite les chefs. Les ingénieurs en génétique et les industries chimiques ont besoin des accords de libre commerce pour imposer des brevets sur les semences. Mais moi j’ai décidé qu’on ne pouvait pas accepter que des éléments vivants soient brevetés : les semences n’ont pas été inventées par Monsanto! Nous avons vu ce que l’OMC et ses accords de libre-échange ont eu pour résultat: tout est à vendre, tout est profit, et toutes les protections élaborées dans nos Constitutions sont démantelées au nom du capitalisme. Puisque nous avons organisé des mouvements de résistance, ils n’ont pas pu parcourir tout le chemin prévu.
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La “petite” Wallonie plus peuplée que 7 Etats souverains de l’UE
Raoul Marc Jennar, Mediapart, 25 octobre
(…) Les chiens de garde des firmes privées, indûment dénommés “journalistes”, rivalisent pour exprimer leur mépris de la Wallonie: “petite province”, “petite région”, qui “ose défier 500 millions d’Européens”, qui “prend en otage” toute l’Europe (la “prise en otage” est une formule souvent utilisée par ces ennemis de la démocratie et de la justice sociale; elle équivaut à traiter hier les grévistes, aujourd’hui les Wallons de terroristes — on voit la violence du propos). On les entend sur les chaînes de télé et les stations de radio publiques et privées; on les lit dans 99% de la presse quotidienne et 90% de la presse hebdomadaire.
Comme ces propagandistes, le plus souvent largement incultes, méprisent aussi la réalité des faits, voyons ce qu’il en est en comparant la population de la Wallonie à celle de certains Etats souverains, membres de l’UE…
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Vive la Wallonie… libre!
Mathieu Bock-Côté, Le Journal de Montréal, 26 octobre
Naturellement, on se permet d’insulter les Wallons. On se demande comment un semi-pays décrété historiquement insignifiant peut entraver ainsi la marche du libre-échange mondial.
On crache sur les Wallons. On les accuse d’être fermés au monde. D’être contre le progrès et la modernité.
On leur fait des menaces.
On avait fait le même coup aux Britanniques, lorsqu’ils ont voté pour le Brexit. Ceux qui avaient voté pour la sortie de l’Europe étaient présentés comme des vieillards craintifs et xénophobes.
On peut être favorable au libre-échange, tout comme on peut se questionner sur ses vertus.
Mais le fait est que les grands traités internationaux sont généralement négociés bien au-dessus de la tête des peuples, et cela, dans le plus grand secret.
C’est comme si la planification de la mondialisation était si importante qu’on ne pouvait y mêler les peuples et leurs parlements.
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