Jeronim Capaldo de la Tufts University (membre du Global Development and Environment Institute)
Le TTIP entraînerait des pertes nettes en termes d’export, à l’échéance de dix ans, en comparaison d’un scénario « sans TTIP.» Les pays du nord de l’Europe subiraient les plus grosses pertes (2,07% du PIB) suivis par la France (1,9%), l’Allemagne (1,14%) et le Royaume-Uni (0,95%).
Le TTIP entraînerait des pertes nettes en termes de PIB. De manière cohérente avec les chiffres de l’export, les pays du nord de l’Europe subiraient la plus forte contraction de leur PIB (- 0,50%), suivis par la France (- 0,48%) et l’Allemagne (- 0,29%).
Le TTIP entraînerait une baisse des salaires. La France serait le plus durement touchée avec une perte de 5.500 euros par travailleur, suivie par les pays nordiques (-4.800 euros par travailleur), le Royaume-Uni (-4.200 euros par travailleur) et l’Allemagne (-3.400 euros par travailleur).
Le TTIP entraînerait des destructions d’emplois. Nous calculons qu’environ 600.000 emplois seraient détruits dans l’UE. Les pays du nord de l’Europe seraient les plus affectés (-223.000 emplois), suivis par l’Allemagne (-134.000 emplois), la France (-130.000 emplois) et les pays du sud de l’Europe (-90.000 emplois).
Le TTIP entraînerait une diminution de la part des salaires dans le partage de la valeur ajoutée, renforçant une tendance qui a contribué à la stagnation économique actuelle. L’envers de cette diminution serait l’augmentation de la part des profits et des rentes, ce qui indique qu’il y aura un transfert proportionnel des revenus du travail vers les revenus du capital. Le transfert le plus significatif aurait lieu au Royaume-Uni (7% du PIB seraient transférés des revenus du travail vers les profits), en France (8%), en Allemagne et au nord de l’Europe (4%).
Le TTIP entraînerait une baisse des recettes fiscales. L’excédent dégagé grâce aux impôts indirects (tels que les taxes à la vente ou les taxes sur la valeur ajoutée) par rapport aux subventions diminuerait dans tous les pays de l’Union européenne. La France subirait la plus grande perte (0,64% du PIB). Les déficits publics en fonction du PIB augmenteraient dans tous les pays d’Europe, les poussant vers ou au-delà des limites du traité de Maastricht.
Le TTIP entraînerait une instabilité financière accrue et une accumulation des déséquilibres. Avec une diminution des revenus de l’exportation, de la part des salaires et des recettes fiscales, la demande devra être soutenue par les profits et les investissements. Pourtant, avec une consommation atone, on ne peut s’attendre à ce que l’augmentation des profits vienne d’une hausse des ventes. Une hypothèse plus réaliste serait que les profits et les investissements (principalement sous la forme d’actifs financiers) soient soutenus par la hausse du prix des actifs. Le potentiel d’instabilité macroéconomique contenu dans cette stratégie a été démontré par la récente crise financière.