Les coureurs du Tour de France viennent d’arriver à Nuits-Saint-Georges. Après cinq heures de course à travers cols et vallées, deux sprinters arrivent sur la ligne en même temps et ils sont départagés, à quelques millimètres près, par la photo finish.
Quel est le sens de désigner un seul gagnant, après deux cents kilomètres de course difficile, sinon l’obsession de nommer à tout prix un unique vainqueur au détriment d’une reconnaissance plus large du mérite? Au lieu d’ergoter sur quelques millimètres, ne serait-il pas plus sage de tracer deux lignes parallèles au sol, distantes de vingt centimètres, et de retenir comme vainqueurs tous ceux dont la roue avant se trouve dans cette zone? Ainsi, on reconnaitrait un ensemble de participants méritants plutôt que de jouer le jeu de la stigmatisation de l’égo qui exige constamment d’être reconnu comme unique et hors du peloton. Mais la société toute entière fonctionne sur ce principe!
Pour qu’une activité puisse se maintenir, il faut absolument être le numéro un du marché. Que ce soit dans la production de t-shirts, de salades ou de produits chimiques! L’ironie fait que les firmes gagnantes perdent ensuite leur âme dans des rachats pour devenir encore plus grosses, ainsi le groupe Bayer rachetant une société de mauvaise réputation, comme Monsanto.
Dans la vie privée, il n’y a pas de ligne d’arrivée, mais la question fondamentale devient: est-ce que j’envisage ma vie comme une expérience perso ou bien intégrée dans un ensemble plus large qui ne nie cependant pas les particularités de chacun? Ainsi naît le plaisir d’être valorisé dans la conscience de participer ensemble à un projet commun d’humanité!
André Rulmont
Professeur émérite de chimie, Université de Liège
🔎🔎🔎WOOOOW@marcelkittel vs @EBHagen#TDF2017 pic.twitter.com/2DckabIJU6
— Le Tour de France (@LeTour) 7 juillet 2017