Au cours de la période 2010-2014, les entreprises américaines ont créé beaucoup plus de richesse pour les actionnaires que les entreprises de la zone euro, selon un rapport du Boston Consulting Group (BCG) publié le 24 juillet. Un constat qui s’explique d’abord par la forte progression de Wall Street sur cette période et par la déprime prolongée des marchés financiers européens, plombés par la crise de la dette en zone euro entre 2010 et 2013. Entre le début de 2010 et la fin de 2014, l’indice Dow Jones s’est envolé de 70,7 %, tandis que le CAC 40 ne gagnait que 6,7 %.
Au-delà de ce simple constat boursier, l’étude du BCG montre à quel point les entreprises américaines, dans de nombreux secteurs, se trouvent en position de force par rapport à leurs concurrentes européennes du fait de leur forte valorisation boursière. En 2014, trois entreprises du Vieux Continent figuraient dans le top 10 du BCG : l’irlandais Jazz Pharmaceuticals (biotechnologies), le suédois Hexpol (caoutchouc) et le français Plastic Omnium (équipementier automobile). Cette année, seule la première a réussi à s’y maintenir.
« C’est inquiétant : les entreprises européennes font de plus en plus figure de cibles potentielles car elles ne créent pas suffisamment de richesses pour leurs actionnaires,» commente Jérôme Hervé, directeur associé au Boston Consulting Group. Outre Plastic Omnium, qui reste le leader des équipementiers automobiles, la France ne compte que trois autres champions parmi les 270 entreprises créant le plus de valeur : Zodiac (équipementier aéronautique), Safran (aéronautique) et Imerys (extraction et transformation de minéraux). Depuis un an, plusieurs entreprises françaises ont disparu du classement du BCG : Valeo (équipementier automobile), Arkema (chimie), Technip (secteur parapétrolier) et Sartorius Stedim (équipements pour l’industrie biopharmaceutique).
Maigre consolation : l’Allemagne fait à peine mieux avec seulement six entreprises distinguées, et l’Italie fait pire avec deux entreprises. « En tout, seules 13 entreprises de la zone euro émergent dans notre classement », remarque M. Hervé. À noter : le Royaume-Uni se distingue avec 14 entreprises. Un score cependant modeste par rapport aux 93 entreprises américaines.
Les Etats-Unis dominent le classement dans l’aéronautique, l’habillement, l’énergie, le transport, les denrées périssables et la mécanique. Dans la pharmacie et les biotechnologies, leur hégémonie est sans partage. A l’exception du danois Novo Nordisk, toutes les biotechs qui ont le plus enrichi leurs actionnaires entre 2010 et 2014 sont américaines : Pharmacyclics, Actavis, Biogen, Gilead Sciences, Celgene…
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