“Le pire accord commercial de tous les temps”, “un désastre pour les travailleurs américains”… Donald Trump ne manque pas de qualificatifs pour exprimer son aversion envers l’ALENA, l’accord de libre échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique entré en vigueur en 1994. En particulier, il critique la perte des emplois industriels américains partis au Mexique. Les Mexicains seraient donc les grands gagnants de l’ALENA. Mais qu’en est-il vraiment?
Le New York Times s’est penché sur la question et est parti mener l’enquête au Mexique. Ce qu’ils ont trouvé est bien plus nuancé que la rhétorique du président élu des Etats-Unis.
Oui, l’ALENA a bien amené de nouveaux investissements au Mexique. Le problème est qu’ils ne profitent manifestement pas à la grande majorité de la population mexicaine. Un Mexicain sur deux vit sous le seuil de pauvreté, la même proportion qu’en 1993. Le taux de croissance a été insuffisant pour amener les nouveaux emplois promis, le travail au noir reste endémique et les inégalités ne se sont pas réduites. Le Mexique connait par ailleurs les mêmes problèmes d’adaptation à la révolution technologique qu’ailleurs: l’automatisation amène des gains de productivité mais accompagnés de pertes d’emplois.
Comme le résume José Luis Rico, travailleur chez Whirlpool: “Je pensais que l’ALENA nous rendrait la vie meilleure, qu’il créerait des opportunités pour tous. C’est peut-être le cas, mais pas pour nous.”
Au final, l’accord de libre-échange ne serait pas la panacée pour développer l’emploi et la qualité de vie, pas plus au Mexique qu’ailleurs. Tout un modèle à réinventer.