Ce 29 avril, au cours de l’émission matinale de la RTBF, notre ministre des Affaires étrangères a cru bon de proposer son analyse des réactions à la conduite de l’Union européenne.
A cette occasion, il a amalgamé la montée de l’extrême-droite en Autriche, les violences en France et la position wallonne relative au traité commercial avec le Canada (CETA). *
La résolution adoptée au Parlement de Wallonie l’a été après plusieurs mois de consultation de la société civile. Cette semaine encore, une déclaration commune d’associations allant de syndicats à Test-Achats en passant par les mutualités ou encore la ligue des droits de l’homme a réaffirmé son opposition claire aux traités de libre échange, CETA compris.
La présentation de Didier Reynders est donc malhonnête, perfide et pour tout dire, indigne d’une personnalité qui a la responsabilité de représenter, à l’extérieur de la Belgique, nos institutions pour ce qu’elles sont, à savoir fédérales.
S’agissant du CETA, l’esprit du fédéralisme veut que la Belgique ne soit engagée que quand ses différentes composantes sont d’accord sur le projet envisagé. La présentation de Didier Reynders, caricaturale, lui permet d’éviter la discussion de fond sur le traité CETA et sur son grand frère à venir, le TTIP.
Le ministre sait qu’en mettant ces traités au grand jour,
en ouvrant une discussion parlementaire éclairée,
en exposant clairement les boulevards qui sont construits en faveur des multinationales,
en dénonçant l’affaiblissement sous-jacent des pouvoirs publics,
en expliquant les risques encourus en santé, en alimentation, en énergie, en éducation, tous les secteurs vitaux de la production et de la consommation,
la population refuse ce projet funeste élaboré par des lobbies qui n’ont d’autre dogme que celui des parts de marché.
L’attitude de Didier Reynders face à la position wallonne est déloyale.
Il est nécessaire que toutes les composantes de la lutte «anti-traités commerciaux transatlantiques» se réunissent pour faire valoir le droit de leur Parlement et de leur Gouvernement à être respectés, surtout à l’occasion d’une prise de position courageuse en faveur de relations européennes plus démocratiques.
Tous ces éléments ne justifieraient-ils pas des excuses du Ministre après un tel déni des institutions belges et des organisations représentatives de la société civile qui se sont si largement exprimées sur le CETA?
* Réécouter l’interview de Didier Reynders
(question d’entrée sur l’extrême-droite en Autriche et, à partir de 7’45, question sur le vote du parlement wallon concernant le CETA)