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Le FMI met le feu aux poudres

Les « révoltes FMI », conséquences de mesures antisociales imposées par l’institution basée à Washington en contrepartie de prêts à rembourser avec intérêts, n’ont pas disparu. L’organisation internationale poursuit son travail de gendarme économique, quel qu’en soit le prix à payer par les populations concernées, afin qu’aucun de ses 189 États membres ne s’écarte du chemin néolibéral qui leur est tracé. L’Équateur et l’Argentine où ont émergé les slogans « Que se vayan todos », (qu’ils s’en aillent tous) à l’égard de la classe politique sur fond d’accords avec le FMI, en illustrent l’actualité.

Insurrection contre le FMI en Équateur

L’Équateur vit un puissant soulèvement insurrectionnel. Depuis le 3 octobre, la colère se déchaîne dans les rues du pays en réponse à l’annonce d’un ensemble de mesures économiques antisociales concocté en échange d’un prêt de 4,2 milliards $ du FMI. Une grève générale des transports est convoquée le 3 octobre, pour contester les mesures économiques du gouvernement de Lenín Moreno, élu en 2017 comme successeur de Rafael Correa.

Il s’agit notamment du Décret 883, qui comprend la suppression des subventions aux carburants d’un montant total de 1,3 milliard de dollars, en vigueur dans le pays depuis 40 ans[1]. Cette mesure impopulaire fait automatiquement multiplier par 2 les prix à la pompe (123% d’augmentation du prix de l’essence) et entraîne également l’augmentation du prix des aliments par leur transport depuis les zones de production. Elle est un élément clé d’un ensemble de réformes économiques appelé el Paquetazo néolibéral. Celui-ci comprend également des facilités fiscales octroyées aux entreprises exportatrices et une réforme du travail réduisant les congés payés des fonctionnaires de 30 à 15 jours. Le président Moreno qui a choisi de rétablir des liens avec le FMI, rompus par Correa en 2006, doit maintenant en apprécier l’ampleur des implications.

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Jérôme Duval

Jérôme Duval est membre du CADTM, Comité pour l’abolition des dettes illégitimes et de la PACD, la Plateforme d’audit citoyen de la dette en Espagne. Il est l’auteur avec Fátima Martín du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, (Icaria editorial, 2016) et est également coauteur de l’ouvrage La Dette ou la Vie, (Aden-CADTM, 2011), livre collectif coordonné par Damien Millet et Eric Toussaint qui a reçu le Prix du livre politique à Liège en 2011.


[1] Le pétrole est extrait en Équateur mais raffiné à l’étranger.
[2] Il s’agit de Raúl Chilpe, Marco Otto, José Daniel Chaluisa Cusco, Inocencio Tucumbi, José Rodrigo Chaluisa, Abelardo Vega Caizaguano, Silvia Marlene Mera Navarrete, Edison Eduardo Mosquera Amagua. « 1.192 detenidos hasta el 13 octubre durante protestas », Patricio Peralta, Pichincha Universal, 14 octobre 2019.
[3] « The reforms announced yesterday by President Lenin Moreno aim to improve the resilience and sustainability of Ecuador’s economy and foster strong, and inclusive growth. » IMF Statement on EcuadorFMI, 2 octobre 2019.
[4] « Apoyamos a las autoridades. Estos son tiempos difíciles y nos gustaría que las reformas se lleven a cabo y que sean exitosas », dijo Gopinath en rueda de prensa desde Washington, Estados Unidos.« El FMI espera que nuevas medidas en Ecuador sean ’exitosas’ »AFP, 15 octobre 2019.
[5« Le mariage forcé entre l’Argentine et le FMI tourne au fiasco », Jérôme Duval, CADTM, 3 octobre 2018.
[6] « El peso de la deuda cae sobre el próximo gobierno », Página 12, 13 septembre 2019.

Image d’illustration : Fluxus Foto – El Salto

 

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