1ère partie: Le constat – La répartition actuelle du travail est totalement inégale et injuste
2ème partie: La Réduction collective du temps de travail est bénéfique pour TOUS et TOUTES
3ème et 4ème partie: Deux salves d’objections à la RCTT et leurs réponses
5ème partie: L’expérience des 35 heures en France: un succès mitigé mais des critiques injustes
6ème partie: Dernières objections et orientations RCTT du Collectif Roosevelt-Namur
Argumentaire en faveur de la Réduction collective du temps de travail – 2ème partie
La réduction collective du temps de travail est bénéfique pour TOUS et TOUTES
Un premier objectif stratégique de la RCTT est la réduction des inégalités sociales en nette augmentation dans notre société, car elle diminuera le taux récurrent et élevé de chômage en rétablissant une réelle justice sociale par l’accès aux revenus pour chacun et par une implication sociale active pour tous.
Pour atteindre cet objectif sociétal stratégique, nous devons questionner l’actuel partage du travail, un non-sens en regard des inégalités et le réinventer pour créer de nouveaux emplois.
Les objectifs stratégiques de la RCTT:
- diminuer les inégalités sociales et économiques et assurer ainsi plus de cohésion sociale, moins d’exclusions
- mieux vivre en société dans un accès au bien-être pour tous
- financer une Sécurité sociale forte et solidaire
- financer de meilleurs services publics
- garantir la démocratie
- revaloriser l’accès à la culture pendant le temps libéré et création d’emplois pour les artistes
Développer la RCTT en lieu et place de licenciements et du chômage de masse permettra le retour au travail de milliers de demandeurs d’emplois et diminuera les coûts sociaux du chômage de plusieurs milliards d’euros.
Le paiement des allocations de chômage, la diminution des cotisations sociales et la moindre rentrée d’impôts sont d’importants manques à gagner pour l’Etat. La RCTT et la baisse du chômage qui l’accompagne permettra d’économiser des sommes à réinvestir dans la formation, les infrastructures publiques, les transports en commun.
Le partage du temps de travail a permis historiquement de partager les gains de productivité sans cesse croissants entre les travailleurs et le patronat.
Aujourd’hui, la productivité est toujours en hausse.
Continuons à en partager les effets…
Quid de la productivité aujourd’hui ?
Grâce à la multiplication des robots et des ordinateurs, la productivité du travail humain a progressé de façon inouïe. Le phénomène est mondial. Et la Belgique est championne d’Europe en matière de productivité par travailleur.
Grâce au progrès technique, résultat aussi d’une production collective, la productivité continue d’augmenter.
Des changements dans l’organisation du travail ont permis de travailler de façon plus efficace.
Aujourd’hui, des machines réalisent bon nombre d’activités (pénibles) que des hommes assuraient jusqu’ici.
Aujourd’hui en 30 heures, on produit plus qu’il y a 50 ans, en 48 heures! Même avec un temps de travail réduit, la société serait économiquement aussi productive, voire plus productive que dans les dernières décennies.
Ce constat permet d’envisager de réduire le temps de travail, sans pour autant créer moins de valeur.
Il est donc temps de partager les gains de productivité.
Avec des axes prioritaires tels que:
1. Lutter contre les inégalités de revenus
Tout le monde a droit à un emploi digne et à un revenu digne. Nous ne pouvons plus admettre des contrats à 0 heure au bénéfice des actionnaires, premiers bénéficiaires des développements de productivité actuels.
2. Développer prioritairement l’emploi des jeunes
Stimuler le plus tôt possible l’entrée des jeunes sur le marché du travail est indispensable en termes de développement des compétences des nouvelles générations et de leur insertion sociale et économique.
Les politiques d’exclusion développées ces dernières années doivent cesser et être remplacées par une politique d’insertion professionnelle dynamique… Pour ce faire, il faut libérer des postes de travail pour les jeunes demandeurs d’emploi.
Cet axe est fondamental vu le pourcentage de chômage chez les moins de 25 ans: 28,8% à Bruxelles, 23,2% en Wallonie.
La RCTT apportera un réel soutien à l’accès des jeunes au travail car leur insertion professionnelle plus rapide sera l’occasion d’un transfert plus adéquat de compétences entre les générations dans le champ du travail. Des formules de partage du temps de travail existent déjà: plan tandem, la prépension à mi-temps combinée avec l’engagement d’un jeune demandeur d’emploi…
La RCTT se combine donc nécessairement avec une embauche compensatoire.
Au fil des changements démographiques, on peut s’attendre en outre à des goulots d’étranglement dans le recrutement des jeunes en entreprise et à une augmentation de l’âge moyen des effectifs. Pour que les salariés plus âgés puissent avoir un travail adapté et transmettre leur savoir aux jeunes générations et pour que la main d’œuvre jeune et diplômée ait une chance d’être embauchée, il faut des durées de travail adaptées à chaque génération qui permettent d’établir des « passerelles d’activités ».
3. Mettre fin au travail à temps partiel subi
Le taux de travail à temps partiel en Belgique est de 25,8% de la population active.
Diminuer la norme du temps de travail rapprochera du temps partiel de la norme du temps plein.
Certes, la proportion de femmes dans la vie professionnelle s’est élevée ces dernières années, mais cette augmentation est surtout à imputer au développement du travail à temps partiel, dans les secteurs de services, de commerces… où elles sont majoritaires. Pour beaucoup de femmes, ces emplois ne suffisent pas à leur assurer une existence autonome.
Par la RCTT, la condition des femmes au travail s’en trouvera améliorée par l’augmentation du salaire des temps partiels majoritairement féminins.
L’égalité homme/femme s’en trouvera renforcée.
Ce sera aussi une opportunité pour les travailleurs intérimaires d’entrer dans des postes de travail à durée indéterminée et sortir de la précarité de contrats ponctuels, répétitifs,…
Evoquons aussi la précarité des travailleurs dont la carrière est aussi à temps partiel à cause de la succession récurrente des contrats à durée déterminée. Arrivés à l’âge de la retraite, ces travailleurs se retrouveront avec le minimum de revenus.
La RCTT contribuera à rétablir un accès plus égalitaire et plus permanent au marché du travail.
4. Améliorer le bien-être personnel et la qualité de vie par une meilleure conciliation de la vie privée et professionnelle
Travailler 4 jours/semaine, par exemple, ou avoir x jours de congé supplémentaires, libère du temps pour soi, pour les siens. La RCTT entraîne un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Ce temps retrouvé aura aussi un effet positif sur la santé de chacun. Une meilleure organisation des divers temps personnels et sociaux, du temps libéré pour la vie culturelle, sportive et associative et donc une diminution des burn-out et du stress au travail.
Une meilleure répartition du temps de travail et des revenus verra une diminution des drames sociaux et individuels, une diminution de la précarité.
Ce sera aussi retrouver un temps pour l’estime de soi, pouvoir choisir son travail et se sentir libre d’en changer.
A ne pas négliger: des temps de travail réduits (et planifiables) permettent de travailler de façon plus efficace et d’économiser sur la durée les coûts induits par la maladie pour le travailleur, son entreprise et l’Etat.
Enfin, selon une étude d’économistes de l’Université de Melbourne (Australie), les salariés de plus de 40 ans ne devraient plus travailler que 3 jours par semaine, s’ils ne veulent pas en souffrir des conséquences: stress, diminution progressive des capacités d’apprentissage, de mémorisation, de raisonnement…
D’autres études scientifiques placent l’âge limite à 45 ans: à partir de cet âge, mieux vaut lever le pied.
Par contre, le gouvernement fédéral de Charles Michel a fortement diminué les formules individuelles de suspension du contrat de travaux tels que les crédit-temps, la prépension,… qui permettaient une articulation de la vie privée et professionnelle.
La RTT, dans sa dimension collective, rétablira cet équilibre pour TOUS et TOUTES.
5. Favoriser une plus grande implication de chacun dans la cité et resserrer les liens sociaux
Le temps disponible de chacun(e) sera en partie réinvesti dans la vie associative et bénévole. Nous aurons le temps d’utiliser des déplacements plus écologiques, de participer à des groupements d’achats… Bref, de s’investir dans des projets porteurs d’alternatives bien utiles pour redonner sens à la société d’aujourd’hui.
6. Développer une plus grande cohésion sociale
Arrêtons de produire une société duale avec une élite économique qui preste les métiers valorisés, à haute compétence, bien rémunérés et d’autre part, la masse actuelle de travailleurs précaires et ceux dont l’avenir est incertain vu la mutation du marché mondial développé dans la dynamique du profit et non de la justice sociale.
7. Un argument pour une RCTT: un coût quasi nul pour l’entreprise, même sans modération salariale
De plus, avec la réduction du temps de travail, les absences au travail diminuent. Des temps de travail réduits font économiser à l’employeur les coûts engendrés par les arrêts de travail. L’augmentation de la productivité, c’est-à-dire de la production en un temps donné et la diminution des dépenses pour maladies professionnelles, accidents de travail, fournissent dans une large mesure la contrepartie salariale.
8. Un apport de la semaine des 4 jours est le développement de la polyvalence et le transfert de compétences pour et entre un plus grand nombre des travailleurs
Les entreprises, déjà concernées par plusieurs générations de travailleurs, développent le tutorat, le plan tandem…
Autant de formules à amplifier pour développer et transférer les savoirs du personnel. Ces nouvelles approches contribuent aussi à s’épanouir davantage au travail et améliorer la coordination entre les salariés dans un esprit de collaboration.
Sommaire de l’argumentaire
1ère partie: Le constat – La répartition actuelle du travail est totalement inégale et injuste
2ème partie: La Réduction collective du temps de travail est bénéfique pour TOUS et TOUTES
3ème et 4ème partie: Deux salves d’objections à la RCTT et leurs réponses
5ème partie: L’expérience des 35 heures en France: un succès mitigé mais des critiques injustes
6ème partie: Dernières objections et orientations RCTT du Collectif Roosevelt-Namur