Elles en font des histoires ces derniers temps les femmes ! Harcèlements et viols, subis jusque là sans oser les dénoncer, sont tout à coup portés sur la place publique, et c’est beaucoup. Trop ?
Il faut dire que le sujet intéresse d’autant plus les médias qu’il touche des personnalités de haut vol, de Harvey à Tariq, en passant par des politiciens, des patrons ou des collègues de travail respectés par la bonne société ! Et puis, ce scandale permet de s’incruster sans trop de scrupule dans l’intimité des femmes, dans ce qu’elles vivent dans l’humiliation depuis longtemps et qui se révèle soudainement dans l’émotion d’une révolte bâillonnée.
Alors, que tournent à pleins tubes les serveurs et les rotatives… !
L’impossible effacement
Le succès des #balancetonporc ou #metoo est imparable. Succès ? Le mot est malheureux car il parle de graves situations de désarroi, de souffrance, de violence. Quand un homme impose ses pulsions sexuelles par des suggestions indécentes, des blagues salaces et ensuite avec sa force brutale, quelle femme n’a pas peur d’y laisser sa peau ? Ne froncez pas les sourcils ! Agressée dans un bois par un motard, c’est la mort que cette jeune femme de trente ans a vu venir. Ça ne s’oublie jamais. Et le monde n’est plus pareil… Elles ne seront plus jamais en sécurité ces jeunes filles, ces femmes qu’un mec de piètre humanité, fort d’une virilité brute qu’il croit légitime, a tourmentées ou écrasées. Elles savent définitivement qu’à tout moment, dans une rue, un transport public, dans un couloir, un ascenseur ou n’importe où, elles courent un risque vital. Minime souvent, redoutable ou mortel parfois[1]. Et elles ont pris l’habitude de se débrouiller, la peur au ventre, avec des stratagèmes pour se protéger ou se défiler. Que faire d’autre quand personne ne veut entendre ou ne veut croire l’ignominie ?
Libres et égales ?
Cette déferlante de témoignages sur un problème vieux comme le monde (qui savait mais n’en soufflait mot) et ce tapage sur le net et dans la presse pour dénoncer le harcèlement ne suffiront pas pour provoquer un changement. Même à la suite de millions de déclarations ! Après le temps de la parole libérée, et le temps laissé à la justice pour voir clair et traiter les plaintes, il faudra travailler à fond sur le dossier « harcèlement sexuel ».
Il peut s’envisager sous plusieurs angles.
D’abord, si c’est la question de l’égalité entre les sexes qui est principalement en jeu et l’enjeu, il faut rappeler que le premier article de la Déclaration des droits de l’homme précise : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ? » Dans la réalité, les femmes sont toujours moins payées, moins libres, moins reconnues dans la sphère publique. Leur image est falsifiée dans la publicité pour susciter l’envie quand elles ne deviennent pas elles-mêmes objets de consommation et d’exploitation. Il faut initier une prise de conscience des hommes mâles. Certains ne se rendent pas compte de la portée de certains gestes et paroles. (il faut tout leur dire !) Des entreprises ont d’ailleurs commencé à donner des formations en ce sens. Mais la condition sine qua non est la bonne volonté des participants et il n’est jamais trop tard pour apprendre le respect de l’autre ! Pas seulement des femmes…
Sexisme, racisme, capitalisme
Déconsidérées parce que femmes ! Mais le problème est plus large. Ce que des femmes subissent dans le harcèlement et le non respect de leurs droits est exemplatif d’un fonctionnement social et culturel où tout se joue dans des rapports de puissance et de domination en vue de profit. Les femmes sont la pointe de l’iceberg des inégalités renforcées par la logique prédatrice néo-libérale où elles ne trouvent (de temps à autre) place dans le jeu économique qu’en se reniant. En conséquence, autant pour les femmes que pour les neuf dixièmes de l’humanité, il faut une transformation à 180° du système actuel et lutter contre les manipulations et dérégulations de la part des entreprises internationales qui mènent par le bout du nez une bonne partie des politiciens peu attentifs à préserver le bien commun. On ne peut continuer à malmener la planète et ses habitants comme cela se fait lâchement et impunément.
Un indispensable travail de transformation sociale pour le respect des droits s’opère déjà par les ONG, l’éducation permanente, les syndicats, certaines institutions, les recherches féministes, mais il faut l’amplifier et le solidifier. On peut même suggérer la nécessité d’un changement spirituel s’enracinant dans une nouvelle conscience politique pour le respect de la vie de tous et toutes, et de la planète entière.
Jamais à terre
Le troisième axe de réflexion ressort de la volonté des femmes elles-mêmes par les liens qu’elles peuvent créer entre elles par-delà tous les types de frontières.
Le souci de s’entraider, de se secourir, assorti de la volonté de coopérer pour lutter contre le sexisme et le capitalisme mondialisé qui tue la vie dans les champs et les villes, les femmes doivent en montrer la nécessité et le progrès qu’il peut générer. Dès maintenant et pour les générations futures !
Harcèlement, injustice, inégalité sont à combattre en soi. Dénoncés vigoureusement, ils peuvent servir de marchepied et de tremplin pour aller plus loin dans la volonté de partager les droits et les devoirs entre tous.
La survie de l’humanité est menacée par des dirigeants aveugles, cupides et sans scrupule et par la bêtise de soi-disant élites indignes (élues ou non). Rappelons que de tout temps, ILS n’ont pas su s’allier la force positive des femmes.
Elles mettent les enfants au monde. Tout naturellement, elles peuvent, elles se doivent de le refaire pour les enfants !
Tout est à reprendre et réévaluer entre hommes et femmes, égalitairement, cordialement ! Les yeux dans les yeux.
[1] Lire Sexisme : la douleur des chiffres. Corentin Favereau. http://www.acrf.be/?s=la+douleur+des+chiffres