En ce début d’année, Le Monde du 6 janvier publie 3 pages «Débats et analyses» consacrées à «Bruxelles en panne d’idées» et à «Des pistes pour combattre le populisme».
Le texte éditorial provient d’EUROPA (un groupe de journalistes du Monde, mais aussi du Süddeutsche Zeitung allemand et du Guardian britannique).
«Brexit, immigration, montée des populismes, l’Union est plongée dans un désordre dont ses dirigeants sont conscients. Ils réagissent en se mettant en retrait. L’heure n’est plus aux grands projets. Comment rebondir?» s’interrogent ces éditorialistes.
Prudence petits pas
Face aux désunions dominantes entre États membres, la Commission se veut prudente avec des projets réduits au plus simple dénominateur commun, aussi peu de nouvelles législations que possible, etc.
L’euro devait être «le pont entre l’union économique et l’union politique. Mais loin d’être achevé, le pont est toujours en construction». Nous aurions tendance à dire que la construction est arrêtée pour chômage technique…
«L’assurance-chômage et la garantie des dépôts seraient indispensables pour un espace économique et monétaire fort.» Mais l’Allemagne et ses partenaires du Nord de l’Europe s’y opposent farouchement, voulant croire que seule l’orthodoxie budgétaire, malgré l’austérité et les effets déflatoires qu’elle implique, est porteuse de stabilité.
Pas d’avenir garanti pour la monnaie unique sans une forme de «gouvernement» aux commandes de la zone euro. Mais pas d’accord entre États membres, au sein même de cette zone monétaire, pour progresser dans cette direction.
L’Europe a été championne de l’environnement. «Dès 1996, le conseil européen de l’environnement avait adopté l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 2°C, sur l’insistance d’une ministre allemande alors assez peu connue, Angela Merkel.» Une série de directives européennes furent alors adoptées dans la foulée de cette impulsion politique. Aujourd’hui plus aucun projet novateur n’est mis sur la table. Le scandale VW est aussi passé par là.
Dissipation dans les rangs
Quant aux valeurs de l’Union, un autre scandale s’est produit qu’est l’accord honteux entre l’UE et la Turquie d’Erdogan pour l’arrêt du flux de migrants fuyant les guerres par la route des Balkans. Et les gouvernements de Hongrie et de Pologne violent délibérément ces valeurs fondatrices. L’un se fait le chantre de la «démocratie illibérale», l’autre met sous sa coupe la cour constitutionnelle et se moque des «rappels à l’ordre» de Bruxelles…
Dans le même numéro du Monde, Alain Frachon rappelle la situation ingérable à laquelle fait face la Première ministre Theresa May: un Brexit-blues, non seulement chez les Ecossais et Irlandais du Nord, mais qui gagne aussi le Pays de Galles et l’Angleterre; un défi économique pour le pays qui envoie 46% de ses exportations vers l’UE; une volonté — contradictoire — de conserver l’accès au marché unique européen tout en contrôlant la circulation des personnes entre le pays et l’UE…
Si Mme May se trouve en situation pour le moins compliquée, en face, l’UE ne se trouve pas en meilleure position pour ouvrir les négociations, mis à part que les leaders de la négoiciation sont en place et s’y préparent activement, nous dit-on.
Les éditorialistes d’EUROPA déplorent ce marasme et indiquent que «c’est justement maintenant que l’UE devrait formuler des projets, vendre la coopération européenne comme indispensable, se montrer offensive et passionnée».
… POUR à la manoeuvre
Si les institutions européennes et les gouvernements des États-Nations sont à ce point inertes et démunis, c’est alors aux forces politiques de progrès et aux organisations citoyennes de prendre la relève, d’être imaginatives pour élaborer des propositions d’avenir.
Nous avons voulu, pour notre part, apporter quelques pierres à ce projet. C’était l’intention des 12 «voies pour CHANGER L’EUROPE» que nous avons publiées sur ce site en 2016. C’est aussi le sujet d’un premier dossier que POUR publiera prochainement et à partir duquel nous inviterons ces forces politiques de progrès et organisations citoyennes à s’unir pour mettre ces propositions d’avenir à l’agenda.