En ce jour d’un horrible anniversaire, nos pensées vont évidemment aux victimes des attentats du 22 mars 2016 et à leurs proches. Nous nous abstiendrons de verser dans une surenchère médiatique dont la motivation et le but nous échappent.
Nous avons envie de vous inviter à découvrir un film qui sort aujourd’hui sur les écrans belges et prochainement en France. Enfants du Hasard, documentaire signé Thierry Michel et Pascal Colson. Parce qu’en cette époque improbable et incertaine où s’entrechoquent replis identitaires et communautarismes, nationalismes et extrémismes, terrorisme islamiste et islamophobie, cette œuvre est littéralement salutaire.
Des deux réalisateurs, on connaît surtout le premier. Depuis le début des années 90, Thierry Michel est devenu un spécialiste du Zaïre/Congo, avec une dizaine de documentaires sur ce pays dont le récent et (heureusement) très remarqué L’Homme qui répare les femmes: La Colère d’Hippocrate. Mais le monde de l’enfance lui est familier. En 1990, il avait réalisé Gosses de Rio qui décrivait le dur quotidien d’adolescents dans les favelas.
Le film propose de suivre une année durant les élèves d’une école primaire de Cheratte, ancienne cité minière près de Liège. Ceux de la classe de Brigitte, institutrice à l’ancienne dirions-nous. Rigoureuse et bienveillante, elle est déterminée à ce que ces/ses enfants terminent avec succès leurs études primaires. Ils sont presque tous issus de l’immigration, petits-enfants de mineurs, majoritairement musulmans et la plupart d’origine turque.
A la manière des pavés de pub pour les films, on peut aligner les adjectifs pour décrire les sentiments qui imprègnent le spectateur tout au long de la projection: lumineux, revigorant, émouvant, stimulant, heureux, prenant…
Pour de plus amples considérations cinématographiques, nous vous en remettons à nos consœurs et confrères. Car la presse est unanime dans l’accueil fait au film et ce n’est pas qu’une formule.
Pointons tout de même deux choses. D’abord l’originalité, un rien paradoxale, du choix de l’école. Une école comme tant d’autres des quartiers populaires et non un établissement où se pratique une pédagogie alternative que ce genre de documentaire tend à privilégier. Ensuite, le refus de l’éternelle question de l’intégration. On discute de tout, sans tabou et sans jugement, de l’histoire, de l’actualité, de rêves ou de craintes, parfois pour la première fois. Avec ces fils qui lient passé, présent et futur, Enfants du Hasard déploie de la sorte une belle leçon de vivre ensemble.