Des voies pour CHANGER L’EUROPE – La Confédération Européenne des Syndicats

 

Des personnalités du monde politique, académique ou citoyen formulent des propositions tendant à sortir l’Europe du marasme. Ces propositions vont de formules modérées s’inscrivant dans le cadre des traités européens existants à des solutions plus radicales impliquant une véritable refondation des institutions européennes, voire leur disparition.

POUR.press lance une nouvelle série «Des voies pour CHANGER L’EUROPE» avec leurs propositions.

Introduction – Des voies pour CHANGER L’EUROPE
1ère proposition – Hubert Védrine
2ème proposition – Yanis Varoufakis
3ème proposition – Thomas Piketty
4ème proposition – Paul N. Goldschmidt
5ème proposition – Andrew Duff
6ème proposition – Hubertus Buchstein et Michael Hein
7ème proposition – Michel Foucher
8ème proposition – La Confédération Européenne des Syndicats
9ème proposition – Bruegel

Manifeste de Paris

La Confédération européenne des syndicats ou CES (en anglais European Trade Union Confederation ou ETUC) regroupe la plupart des organisations syndicales européennes. Elle représente les intérêts des travailleurs auprès des institutions de l’Union européenne.

Nos trois grandes organisations syndicales belges, FGTB, CSC et CGSLB, en sont membres.

Lors de son 13ème Congrès organisé à Paris du 29 septembre au 2 octobre 2015, la CES a adopté son «Manifeste de Paris»: «Défendons la solidarité pour des emplois de qualité, les droits des travailleurs et une société juste en Europe».

Ce Manifeste n’est pas seulement une formulation classique des revendications syndicales dans les politiques économiques et sociales menées au sein de l’Union européenne. Il va plus loin en demandant à l’Union Européenne de se refonder sur «la solidarité et l’égalité, la justice et la cohésion sociales, la paix et la démocratie».

Et cette «refondation» implique non seulement un changement de priorités dans les politiques, mais une redéfinition d’axes fondamentaux de l’Union européenne qui, pour être effective, exigerait des modifications des Traités de l’UE.

C’est à ce titre que nous inscrivons dans notre série «Des voies pour CHANGER L’EUROPE» quelques éléments sélectionnés de ce Manifeste de Paris. Les numéros des extraits renvoient aux articles du Manifeste.

10. La CES insistera pour la révision complète des modèles de gouvernance économique existants pour les rendre équitables et équilibrés et mettre fin à la pression sur les salaires et la négociation collective. Approfondir l’Union économique et monétaire (UEM) doit aller de pair avec un renforcement de la dimension sociale. Les indicateurs sociaux et environnementaux doivent devenir des éléments actifs et intégrés de la gouvernance économique. (./.)

11. Les pays faisant partie de la zone euro sont particulièrement interdépendants car la monnaie unique influence directement les évolutions salariales et la protection sociale. La gouvernance économique dans cette zone demande dès lors une coordination renforcée, y compris parmi les syndicats, en particulier concernant la fiscalité, le marché du travail et les évolutions sociales et salariales. Les politiques mises en place dans la zone euro ont également des répercussions dans le reste de l’UE. Il faut donc une réponse syndicale globale qui tienne compte des besoins des travailleurs dans toute l’Europe.

12. Le progrès économique et social doit s’appuyer sur des sociétés socialement stables respectant le débat démocratique et la loi, sur une croissance économique durable, une fiscalité juste et progressive et des institutions financières correctement réglementées au service de l’économie réelle. La Banque centrale européenne doit être un prêteur de dernier ressort avec des objectifs et des compétences similaires à ceux de la Réserve fédérale des États-Unis. Son mandat doit être revu pour donner priorité au plein emploi et à une croissance régulière et durable.

13. Une imposition plus élevée des plus hauts revenus et des grandes fortunes est nécessaire pour redistribuer les richesses et combattre les inégalités croissantes en matière de revenus, augmenter les budgets publics et stimuler la demande intérieure et la relance.

14. Fraude et évasion fiscales, évitement fiscal, concurrence fiscale, taux d’imposition préférentiels sur le capital, dumping fiscal et corruption continuent de menacer nos sociétés. Ils ne sont pas compatibles avec une Europe fondée sur la confiance mutuelle et la solidarité. Ils représentent une perte énorme pour les finances publiques et doivent être activement combattus au travers d’une coopération renforcée aux niveaux européen et mondial.

15. La CES soutient l’introduction d’une taxe générale sur les transactions financières (TTF) à l’échelle européenne, première étape avant une TTF internationale. Elle insiste vivement pour que les États membres ne cèdent pas aux pressions de l’industrie financière visant à diluer la TTF.

16. L’UE doit convenir d’une assiette commune consolidée obligatoire pour l’impôt sur les sociétés avec l’introduction d’un taux minimum au moins de 25%.

22. La CES est opposée à toute nouvelle libéralisation et commercialisation des services publics. Nous demandons la mise à disposition du public de services de haute qualité dans les domaines de la garde et des soins des enfants et des personnes âgées, de la santé et de l’éducation, des services pour la formation et l’emploi, des transports, de l’eau, de la gestion des déchets et autres services vitaux. L’investissement dans les services publics favorise aussi une approche plus égalitaire en augmentant la participation des femmes au marché du travail.

35. Nous demandons l’adoption d’un protocole de progrès social européen, à joindre aux traités de l’UE, pour combattre le dumping social et réaffirmer que les droits fondamentaux prévalent sur les libertés économiques et doivent être respectés. La directive sur le détachement des travailleurs doit être révisée pour garantir le principe de l’égalité de traitement. La CES rejettera toute modification des traités qui n’inclurait pas l’adoption d’un protocole de progrès social.