De début août dernier à tout récemment, une quinzaine de Par ordre alphabétique : Andjaparidzé Hélène, Bachkatov Nina, Bardos-Feltoronyi Nicolas, Caller Vladimir, Chauvier Jean-Marie, Clément–Pitiot Hélène, Drweski Bruno, Gerber Marcel, Herbet Philippe, Moulin Jean, Rogovets Vladimir, Samary Catherine, Totonak Magyuy. ont débattu en ligne au sujet de la crise qui agite la Biélorussie/Belarus. L’un d’entre eux, Jean Moulin, a accepté d’en tirer des « réflexions d’étape » personnelles pour POUR, ce dont nous le remercions chaleureusement. Jean Moulin, docteur en Sciences physiques, chercheur à l’ULB jusqu’à la fin des années 1970, a travaillé de 1971 à 1974 au Il est l’auteur de Doubna. Science, amour et politique au pays des soviets, Editions MeMograMes et CArCoB, Bruxelles 2020., une « ville scientifique fermée » en Union soviétique. Responsable de la coopération internationale sur les grands équipements de recherche au Service de la Politique scientifique fédérale belge (BELSPO), il est par la suite fréquemment retourné en URSS, puis en Fédération de Russie et a pu observer les bouleversements qu’a connus ce pays depuis 1991.
Il nous livre ici un document très instructif et pondéré sur la crise que connaît le Bélarus. Paul Delmotte, POUR, service Monde |
La Biélorussie – ou Biélorussie, Belorussia, Weissrussland, Witrussland… sont les diverses appellations du pays dans les langues européennes., le nom officiel du pays depuis son accession à l’indépendance – ex-république soviétique et « État uni » à la Fédération de Russie (tout en ayant souvent réaffirmé sa souveraineté), s’est profondément divisée à l’occasion de l’élection présidentielle du 9 août. D’un côté, les partisans du président Alexandre Loukachenko, officiellement réélu avec 80% des votes. De l’autre côté, la candidate des oppositions, Svetlana Tikhanovskaïa, créditée de 10% et avec elle, une vague protestataire qui a déferlé sur le pays, et spécialement dans la capitale Minsk. Depuis le jour de l’élection, chaque samedi et dimanche, des manifestations de masse contestent les résultats, dénoncent les violences policières, et exigent le départ de Loukachenko et la reconnaissance de la victoire de sa rivale. Celle-ci a été officiellement actée par la Lituanie voisine.
Une élection insondable
L’élection présidentielle s’est déroulée il y a presque 6 semaines et nous n’en connaissons pas encore le résultat final. Le mouvement de protestation contre la falsification du comptage des voix et plus largement contre le déroulement non démocratique du scrutin et l’autocratisme de Loukachenko, lancé dès avant l’annonce officielle des résultats, nous a étonnés par son ampleur et sa détermination. Et surtout, par sa durée qui le distingue clairement des protestations similaires intervenues après les élections de 2006 et 2010, qui avaient donné sans conteste la victoire à Loukachenko. Il est impossible, au moment où j’écris ces lignes, de prédire quoi que ce soit de solide sur le devenir du pays à court et moyen terme.
Le déficit d’information est énorme, je veux dire d’information fiable, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elle soit neutre ou indépendante, car les sources militantes et engagées, même gouvernementales, ne sont pas de facto des propagatrices de vérités tronquées et pliées en fonction des besoins de la cause.
La répression systématique des opposants