1ère partie: Le constat – La répartition actuelle du travail est totalement inégale et injuste
2ème partie: La Réduction collective du temps de travail est bénéfique pour TOUS et TOUTES
3ème et 4ème partie: Deux salves d’objections à la RCTT et leurs réponses
5ème partie: L’expérience des 35 heures en France: un succès mitigé mais des critiques injustes
6ème partie: Dernières objections et orientations RCTT du Collectif Roosevelt-Namur
Argumentaire en faveur de la Réduction collective du temps de travail – 6ème partie
Dernière objection: on ne peut pas décider la RCTT à cause de la mondialisation!
Rien ne l’empêche. En réalité, de fortes différences existent déjà dans l’organisation des forces de travail au sein de l’Union européenne.
Ainsi, par exemple, si l’on compare la France et la Belgique — 2 pays à taux de chômage relativement élevé — et l’Allemagne et les Pays-Bas — 2 pays à taux de chômage relativement modéré, on constate:
- que la proportion de travailleurs à temps partiel par rapport à l’emploi total, est, en 2014, de 23,7% et France et 18,6 en Belgique ; mais de 26,5 en Allemagne et de 49,6 aux Pays-Bas;
- que le nombre moyen d’heures de travail de ces travailleurs à temps partiel est, toujours en 2014, de 23,1h en France et 23,6 en Belgique; mais de 19,1 en Allemagne et de 19,8 aux Pays-Bas
On peut en conclure qu’à l’aide d’une masse croissante de travailleurs à temps partiel et avec une durée hebdomadaire réduite de travail, on occupe plus de personnes et on réduit le taux de personnes au chômage. Et cela se pratique aujourd’hui en Europe.
Rien n’empêche donc un pays de choisir de répartir le travail disponible sur un plus grand nombre de travailleurs et avec une durée de travail réduite POUR TOUS.
Mais cela suppose une volonté politique de s’engager sur cette voie en s’affrontant aux résistances patronales d’une part (il faut organiser la gestion du travail autrement, mais ils savent le faire avec les travailleurs à temps partiel) et aux résistances actionnariales d’autre part qui souhaitent non seulement conserver, mais encore agrandir leur part du gâteau constitué par la valeur ajoutée créée par le travail.
Enfin, le mieux dans tout cela, c’est de donner l’exemple.
Les résistances patronales à la réduction collective du temps de travail se sont manifestées à chaque étape de cette réduction.
Quand on est passé à 6 jours, l’oisiveté des travailleurs le dimanche allait les encourager à la débauche… A chaque revendication nouvelle de réduction hebdomadaire du travail ou de vacances annuelles à obtenir d’abord, à développer plus tard, les employeurs ont crié à l’impossibilité et aux risques de faillite des entreprises. Et pourtant chaque étape a été franchie et de nouveaux équilibres se sont créés à chaque fois.
Certains pays précurseurs comme les Etats-Unis — dont il faut rappeler la grève de 1889 à Chicago pour obtenir la journée de travail de 8 heures — ont montré la voie, et d’autres pays ont suivi.
Nous pouvons à notre tour être un modèle et indiquer la voie à suivre!
Les orientations de travail RCTT au Collectif Roosevelt Namur
Arrêtons de nier la réalité. La pauvreté est là, un nouveau partage des revenus et du temps de travail n’est plus un sujet tabou, mais un sujet d’actualité.
Une enquête (interview RTBF): 4/10 petites entreprises sans travailleur annoncent que dans les 6 mois, elles vont engager un 1er travailleur… Il s’agit ici d’intention. Comme dit Thierry Bodson, la première condition pour créer un 1er emploi est d’abord d’avoir du travail à réaliser…
Dénonçons la politique actuelle et notamment le tax shift — qui annonce le chiffre incertain de création entre 15.000 emplois et peut-être 60.000 emplois… Incertain puisqu’il n’y a pas d’embauche compensatoire exigée. Les 3 milliards de cotisations patronales réinvesties pourraient en créer plus… Si on y ajoute toutes les autres réductions de cotisations, soit 14 milliards, on aurait pu en créer beaucoup plus…
Mettons en avant la semaine de 4 jours avec réduction des cotisations patronales sociales et embauche compensatoire finançable par les 3 millards de tax shift à réinvestir dans la RCTT et par les 14 milliards de l’ensemble des réductions des cotisations patronales de ces dernières années.
La RCTT doit se pratiquer par «bloc d’heures» et pas par minutes par jour… Les modalités de la RCTT doivent créer des béances dans l’organisation du travail pour rendre nécessaire l’embauche compensatoire.
Dans un contexte de croissance faible, nous devons utiliser de nouveaux mécanismes de redistribution. La RCTT doit s’accompagner de mesures fiscales, d’orientation de la production,…
Négocions un nouveau pacte productif à la fois social et écologique.
Créons une plate-forme la plus large possible pour développer la proposition de la RCTT.